VIN ET CULTURE

LA DÉGUSTATION... tout un poème.

 

Les poètes et les écrivains ont souvent fait l'éloge du vin et de la dégustation, nous avons choisi de vous reproduire ci-dessous quelques vers particulièrement de circonstance pour introduire la dégustation.

 

Déguster un vin, c'est ...

 

d'abord mettre en éveil l'ensemble des sens qui vont réagir aux stimulus olfactifs, visuels et gustatifs...

 

ensuite examiner l'aspect et la couleur du vin qui renseigneront sur le brillant, l'âge et la maturité...

 

également humer le bouquet pour affiner l'analyse de l'âge, du cépage, de l'origine et de la qualité du vin...

 

enfin goûter le vin, en le mâchant et l'aérant dans la bouche pour qu'il exprime complètement ses arômes.

 

De ce parcours, vous garderez une fugitive impression, plus ou moins persistante en fonction de la qualité, et une mémoire des arômes qui vous permettra d'accroître progressivement le plaisir qu'offre le vin.

 

C'est ce plaisir renouvelé que nous vous proposons de partager au Domaine du Quarteron, en espérant que quelques vers, à défaut de verres !, vous y encourageront.

 

 

 

L'ÂME DU VIN

 

Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles

"Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,

Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,

Un chant plein de lumière et de fraternité.

Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,

De peine, de sueur et de soleil cuisant

Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme;

Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant

Car j'éprouve une joie immense quand je tombe

Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,

Et sa chaude poitrine est une chaude tombe

Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

Entends-tu retentir les refrains des dimanches

Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant?

Les coudes sur la table et retroussant tes manches,

Tu me glorifieras et tu seras content;

J'allumerai les yeux de ta femme ravie;

A ton fils je rendrai sa force et sa couleur

Et serai pour ce frêle athlète de la vie

L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.

En toi je tomberai, végétale ambroisie,

Grain précieux jeté par l’Éternel semeur,

Pour que de notre amour naisse ma poésie

Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur!"

Les fleurs du mal, Charles BAUDELAIRE (1821-1867)

 

 

 

 

A LA GLOIRE DU MUSCADET

 

(...) Je suis franc et direct. Mais j'ai su me fleurir

Des fraîcheurs de la brise où voguent mes marins ;

J'ai su capter en moi la gaieté et le rire

De la mouette dans l'aube et des badins lutins.

Je suis jeune, enjoué.., peut-être un peu nerveux,

Mais je n'impose pas mon ombre à qui me veut,

Je suis discret comme une fougère des bois,

Pas trop brillant tel un genêt de bon aloi

Dont j 'ai volé un jour de printemps la saveur

Âpre et solide, citrine et droite à la fois.

Il est vrai, je suis jeune ; mais l'éclat de mes verts

Exalte la saveur cachée de certains plats ;

L'huître et le crustacé aiment à s'allier

Au croquant de mon fruit. Je ne parlerai pas

Du homard distingué vêtu de thermidor,

ou d'un moelleux rôti de messire le porc,

Dont j'exalte aussitôt le charme papelard.

Je suis peut-être un peu chauvin, mais c'est mon nard.

Odeur de grand large et de sel, corne de brume...

Juillet mouillé, léger comme un amour d'été...

Catamarans dans le matin nimbé d'écume...

Humez,.. goûtez... et vous allez vous souvenir..,

Sachez, Monsieur, que je suis tout cela. Séduire

Est mon parfum d'orgueil. Je suis le muscadet.

Françoise AUTRET, 1er prix au concours Albin Michel et le Figaro Nov. 1997 (Extrait)

 

 

 

LE TERROIR, C'EST LA TERRE COIFFÉE DE CIEL

 

"Dans cet univers où règne le vide,

Les parcelles de réalité sont des poussières

Innombrables, suspendues dans le rayon placide,

Comme le terroir est le terre coiffée du ciel

La Terre, poussière aimée du balayeur céleste,

A saigné des entrailles, comme la ruche suint le miel,

Et s'est figée en collines d'ambre, pleine de richesses,

En d'uniques terroirs, avec la terre coiffée du ciel.

Par les éléments et l'effort des hommes, si longs,

La croûte solide s'est ameublie sous le soleil

Pour donner le terreau nourricier, si bon,

Ce terroir, cette terre coiffée du ciel.

La nature créa et l'homme trouva la vigne,

Plante magique, bon enfant, fille du soleil

Pour donner le terreau nourricier, si bon,

Ce terroir, cette terre coiffée du ciel.

La nature créa et l'homme trouva la vigne,

Plante magique, bon enfant, fille du soleil

Que son maître torture, protège aussi, fragile,

Dans son terroir, sa terre coiffée du ciel.

Grandiront les racines dans ce ventre mystérieux,

S'aventureront les pionnières par les grands fonds du sommeil, Blondiront les raisins sous les caresses d'un soleil radieux,

Dans leur terroir, cette terre coiffée du ciel..."

René Morlat, Janvier 2000 - A L'ANGE VIN - édité par l'auteur.

 

 

René Morlat est une grande figure du vignoble angevin. Professionnel reconnu du monde viticole, il est également un poète amateur émerveillé par les mystères et les beautés du vignoble. Il en a tiré un recueil de rimes poétiques, "A l'ange vin" qui met la vigne et le vin à l'honneur. Il offre dans ce poème une approche poétique de la notion de terroir mais nous allons tenté d'aller plus loin...

 

 

 

"ON NE PEUT FAIRE UN BON VIN QUE DANS UN BEL ENDROIT"

 

Le terroir est la base du système des appellations d'origine en France. A cépages identiques, des régions sont spécifiquement délimitées comme produisant des vins aux caractéristiques différentes. Dès lors que ces caractéristiques sont reconnues et délimitées, une appellation distingue cette identité. Mais qu'est-ce que le terroir ?

 

Le terroir ce n'est pas uniquement un sol, mais le résultat d'une combinaison subtile de nombreux facteurs : le sol et le sous-sol, leur température, leurs caractéristiques de drainage et d'alimentation en eau, l'orientation et le degré de la pente, et les effets du climat sur tous ces facteurs. A ceci s'ajoutent les éléments propres à la vigne, son âge et la conduite du vignoble (taille, fumure, culture…). Autant de composantes qui font du terroir une valeur intangible.

 

Le terme "terroir" est utilisé pour la première fois par un moine cistercien en Bourgogne au Moyen Age. Au XII siècle, les moines cisterciens s'attachent à cultiver les pentes pauvres et rocheuses de la Côte d'Or pour suivre les préceptes de Saint Benoît d'un retour à l'ascétisme.

Ils installent ainsi la vigne sur les hauteurs et constatent les différences entre le vin produit en haut des pentes et le vin produit en bas. Les noms choisis pour subdiviser le fameux clos Vougeot parlent d'eux-mêmes. En bas, la "cuvée des moines", à mi-hauteur la "cuvée des rois" et en haut la "cuvée des papes". Autre AOC célèbre de blancs liquoreux, les "Quarts de chaume" en Anjou sont issus également du Moyen Age.

Les ordres religieux font alors entretenir leurs parcelles par des métayers, se réservant le quart des récoltes dans les parcelles donnant les meilleurs crus. Dans le même esprit, prenant en compte les zonages empiriques des viticulteurs locaux, l'INAO* a délimité l'appellation des Coteaux de la Loire en 1936.

 

Si le terroir est une réalité identifiée de manière tout à fait empirique au cours des siècles, " la façon dont il intervient dans l'expression des grands vins relève pour beaucoup d'un véritable mystère ". La preuve en est que des formations géologiques très diverses sont capables de produire des vins de grande qualité à partir de cépages identiques : craies, calcaires et marnes en Anjou, Bourgogne, et Champagne, graves siliceux pour le médoc bordelais, schistes pour les coteaux de la Moselle et de la Loire.

 

Le terroir est en fait un apprentissage permanent pour le vigneron, car ses nuances sont nombreuses et chaque année présente des particularités uniques. La connaissance s'affine au fil des années mais il reste toujours une part d'inconnu. Et ceci d'autant plus qu'au-delà du terroir, le travail du vigneron dans la conduite du vignoble et de la vinification va être également déterminant dans la réussite du vin.

 

Les secrets d'un terroir pour faire un grand vin tiendraient beaucoup à la qualité du rationnement lent et progressif de l'eau en été. Ceci pour assurer l'équilibre délicat entre le risque d'excès d'eau conduisant à la dilution des arômes et, au contraire, le risque de stress hydrique limitant la production de sucre dans les baies.

D'autre part, le rationnement en eau permet une température élevée et plus constante du sol et du sous-sol (l'eau se réchauffe et se refroidit plus vite que la terre). La relation entre la température près des racines et la qualité d'un vin ayant été démontrée.

 

Ces expertises font progresser la connaissance de l'effet terroir, ce qui ne nous empêchent pas de souscrire au constat d'un œnologue : " Choisir un terroir, ce n'est pas seulement accumuler des données scientifiques, il y a aussi une part d'intuition, d'inexplicable ". Ce qui rejoint la remarque plus épicurienne d'un vigneron : " On ne peut faire un bon vin que dans un bel endroit".

René Molart

 

 

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